Aujourd'hui je suis en colère... Un peu moins qu'hier mais toujours choquée par le courrier que j'ai reçu, enfin, le courrier qui a été gentiment envoyé à ma direction.
Je ne comprends pas les termes employés à mon égard, j'ai le sentiment de m'être fait avoir en beauté et je dois avouer qu'hier j'étais un peu dégoutée du métier.
Bref pour vous situer les choses, je m'occupe du compte de Madame U. qui, elle, a beaucoup de mal à le gérer. Elle a fait des études, un master. Elle ne se voit pas accepter des contrats de travail qui ne sont pas en rapport avec ses hautes prétentions salariales. Elle préfère donc vivre des assedics et de la caf.
Nous nous sommes vues. Beaucoup. J'ai expliqué les limites de fonctionnement de son compte et les diverses conséquences si elle ne respectait pas celles-ci à chaque fois. Mais Madame U. considère les factures de portable et ses vacances comme prioritaires. Alors, ce que je lui disais lui passait par dessus la tête, c'était visible.
Madame U. passait souvent sans prévenir, pour s'interroger sur ses frais, s'étonner des montants (forcément elle en a abusé) et les contester pour finir par pleurer, littéralement.
J'ai fait beaucoup pour elle, j'ai évité des rejets de chèques, j'ai payé les factures importantes, j'ai maintenu ses moyens de paiement alors que mon chef s'impatientait. Mais elle promettait toujours une rentrée d'argent et s'amendait m'expliquant chaque fois qu'elle allait faire attention.
Las, les comptes sont encore en vrac et elle me demande encore un effort sur ses frais que je ne peux lui accorder au vu du déroulement. Comprenez que je ne peux rien faire sans l'aval de mon vénéré chef qui ne l'avait guère en sympathie. Je lui propose de faire un courrier motivé et circonstancié expliquant ses difficultés et faisant appel à la mansuétude de la banque. Quelle cruche !
Voici donc l'introduction de cette lettre qui est passée directement par la case direction générale...
"Je viens par cette présente vous faire part de mon mécontentement hein ?. En effet je suis victime de malhonnêteté gloups d'escrocquerie regloups et d'abus de confiance sic ! de la part de ma conseillère"
Je ne te cache pas cher lecteur que là, j'ai blêmi...
"Je suis victime d'abus sur l'utilisation de mon découvert, beaucoup de frais que Madame X est incapable de m'expliquer"
Ca m'a achevé. Non seulement elle m'attaque personnellement mais en plus elle fait preuve d'une mauvaise foi éhontée.
Je tiens donc à répondre à cette personne :
"Madame,
Je regrette de vous avoir aidée tout au long de cette année. J'ai eu la faiblesse de croire que nous pourrions trouver une solution dans l'attente d'un travail et d'un revenu stable vous concernant et selon chacune de vos promesses de régularisation.
Voici ce que j'aurai dû faire : vous supprimer votre autorisation de découvert alors que vous l'utilisiez sans vergogne au delà de sa limite en montant comme en nombre de jours de débit. Vous n'auriez pu ni payer vos billets d'avion pour vos vacances, ni régler l'eau, le téléphone, votre loyer ou la cantine de vos enfants au vu des ressources limitées qui y étaient versées. Auquel cas vous auriez vraiment eu des raison de pleurer dans mon bureau. Vous m'auriez remis votre carte et votre chéquier, vous seriez en interdit bancaire et condamnée à vous présenter à nos guichets pour retirer de l'argent s'il y en avait...
Dans de telles circonstances j'aurai pu comprendre que vous vous en preniez à moi. Mais ici vous m'attaquez non seulement personnellement mais aussi en des termes disproportionnés. Si encore je m'étais enrichie de vos turpitudes financières et de votre sens particulier des priorités le goût n'en serait pas si amer... La gestion de votre compte sur l'année ne m'a apportée que des embarras et beaucoup de travail pour au final ne récolter que votre ingratitude. Dans votre lettre vous écrivez : "je me sens manipulée, trahie et utilisée" Sachez que ce sentiment est largement partagé.
Enfin si vous aviez mis autant de soin à suivre mes conseils pour éviter les frais qu'à écrire votre lettre nous n'en serions sûrement pas là. J'espère simplement ne pas avoir perdu l'envie d'aider mes clients.
Cordialement,
Votre conseillère."